Vêtements délaissés : un projet aquitain vise à encourager le don solidaire


La réflexion en cours pourrait conduire à la mise en place d’un groupement régional ainsi qu'à une charte


Olivier Brès:"travailler avec des partenaires locaux" (Ph Paysud)
Olivier Brès:"travailler avec des partenaires locaux" (Ph Paysud)
C’est l’un des paradoxes de notre société de consommation occidentale : alors que le niveau de vie et la variation des modes conduisent au changement rapide des produits utilisés, on assiste à un développement de la demande d’articles d’occasion, ou de seconde main. Le phénomène est particulièrement sensible pour le vêtement de courte vie « en neuf ». Les armoires se remplissent donc au fil des jours d’habits mis au rebut ou de chaussures délaissées, dont il faut bien, un jour, se débarrasser faute de place. Le principal souci est alors de trouver un lieu de dépôt. Si le citoyen ne se soucie guère –ce qui n’est pas toujours le cas- de ce que deviendront les articles abandonnés, il est probable qu’ils trouveront sous une forme ou une autre, une nouvelle utilité. Les possibilités, et les filières de réemploi ont en effet pris de l’ampleur ces dernières années. Parallèlement aux catégories sociales aisées, il existe en effet des personnes dans le besoin qui, grâce à l’action de récupération des diverses associations caritatives, ou d’insertion, trouvent ainsi le moyen de se vêtir à bon marché

Un marché, jusqu’en Asie

Mais ce n’est pas là l’unique destination : le vêtement de seconde main s’exporte désormais vers les pays en voie de développement, y compris asiatiques. Il est assez plaisant de constater que ceux-ci retournent de la sorte vers leurs pays d’origine, peut-être pour habiller des ouvriers qui les ont fabriqués tout en étant « payé au lance pierre » ! Mais l’économie a ses lois, et quelques grands groupes impliqués dans ce genre d’exportation le savent bien. Le vêtement usagé, après déchiquetage, ou effilochage, peut aussi être utilisé comme matériau de bourrage ou d’isolation. Sa réutilisation peut s’inscrire dans une stratégie de solidarité, de développement d’une économie plus économe, ou dite « circulaire ». La veste, la robe, le pantalon abandonnés acquièrent donc une certaine valeur.
Olivier Brès, est le président de l’Association Amos, émanation du Secours Catholique et de l'Entraide Protestante de Bordeaux, association engagée dans la récupération de textiles et la réinsertion de personnes, qui gère cinq boutiques dans l’agglomération. Avec d’autres associations d’insertion, avec le Secours Catholique, la Croix-Rouge, avec Yves Duclos, président la Société Saint-Vincent de Paul (laquelle relance son « vestiaire »), encouragé par la région Aquitaine, il a pris son bâton de pèlerin pour faire en sorte que le vêtement de seconde main demeure un pilier de l’action solidaire. Le volume de matière première disponible est important : on l’estime à 10 000 tonnes pour ce qui est actuellement récupéré, et le potentiel annuel serait de 30 000 tonnes au niveau de l’actuelle Aquitaine. « L’idée, explique Olivier Brès, est de regrouper les acteurs qui travaillent avec la même éthique dans le domaine social et environnemental. Il est nécessaire de défendre les associations locales qui travaillent sur le textile de seconde main et qui mènent une action citoyenne, ce qui ne serait peut-être pas le cas de grosses machines nationales ou internationales."

Vers une charte et un label

On en est encore au stade de la réflexion. Olivier Brès précise cependant que l’objectif n’est pas de fusionner les acteurs associatifs, mais de mettre en place un groupement de coopération. Celui-ci pourrait créer une charte, ou un label, permettant d’assurer les donateurs de la bonne utilisation des produits selon l’éthique des associations impliquées. Il s’agit aussi d’aider les associations – d’abord soucieuses de solidarité et de bienveillance -à se situer dans une activité qui devient un marché. Si la démarche engagée vise à tirer parti du potentiel existant au plan régional , et comme le souligne Olivier Brès, « à permettre aux associations locales de continuer de travailler », elle a aussi une autre ambition : "Travailler avec des partenaires locaux pour que la part des exportations diminue, et que se développent des activités de transformation sur notre territoire. De la « Recherche et Développement » à mettre en route, pour générer des emplois sur place et réduire les atteintes sur l’environnement."
G.G.

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Dimanche 4 Octobre 2015

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