Capture d'écran vidéo BFM
Si on se réfère aux revendications d'origine des Gilets Jaunes, ceux-ci devraient, dès aujourd'hui , rentrer au foyer heureux de leur victoire, et remiser leur vêtement au vestiaire
Rien n'est moins sûr cependant, même si le Pouvoir agite les risques de nouvelles violences, et s'il demande aux "soulevés" de ne pas venir à Paris où l'on craint pour les Champs-Elysées et pour l'Elysée. Pourtant une association telle que "le Mouvement des Citoyens des Gilets Jaunes" n'appelle pas à une manifestation sur la plus belle avenue du monde, mais à un rassemblement pacifique, Place de la République.
Les longues hésitations, les tergiversations, le langage technocratique des ministres, ont laissé se greffer des revendications autres que celles se rapportant aux taxes, et laissé la porte ouverte à d'autres demandes. Donc le Pouvoir a amorcé la manoeuvre "en arrière toute" . Une manoeuvre entamée de curieuse façon. D'abord annonce d'un moratoire reportant la supertaxation de 6 mois par le Premier ministre, présentation et débat à l'Assemblée Nationale . Puis, en fin de journée annonce par l'Elysée de l'annulation pour 2019. Pas la meilleure démonstration de fonctionnement démocratique à l'heure où les citoyens vêtus de jaune demandent plus de collectif, et d'autres, l'instauration de la 6e République. C'est ainsi faire le jeu de ceux qui dénoncent le pouvoir personnel et invoquent l'inutilité des élus.
MORNE SEANCE AU SENATAU-DELA DES MESURETTES
Ce jeudi le Premier ministre est venu devant le Sénat-lequel avait annulé la taxe depuis plusieurs jours- plaider la cause de la politique gouvernementale. Une triste séance très institutionnelle qui n'aura pas vraiment fait monter la cote de la dite assemblée des sages sur les ronds-points occupés où l'on demande parfois la suppression de celle-ci. Le président des Républicains, Bruno Retailleau, a vivement dénoncé les actes de violence et demandé au gouvernement "de "casser les casseurs" avant de critiquer sa politique.
Les concessions d'un Pouvoir contraint de manger son chapeau, selon les observateurs avertis, interviennent en respectant tout juste la contrainte budgétaire de 3% de déficit imposée par l'Europe. Car ayant abandonné une bonne part de sa souveraineté économique et monétaire, la France ne peut faire ce qu'elle veut. Euro, libre-échange devaient nous apporter le bonheur, mais, sauf pour certains, ce n'est pas le cas pour tout le peuple. L'activité économique se concentre dans les régions ou pays les plus productifs et les plus compétitifs, faisant d'un côté des plus riches et de l'autre des plus pauvres. Pour couronner le tout la préférence communautaire est tombée dans l'oubli. L'ouverture à la mondialisation tire les salaires vers le bas.
Avec moins de délocalisations, plus d'activité, plus de création de valeur, plus d'esprit national des grandes entreprises françaises, si l'Etat avait mieux exploité ses bijoux de famille au lieu de les vendre au privé (ex:les autoroutes), le sort des salariés et celui des retraités (oubliés jusqu'ici dans le revirement gouvernemental) eut peut-être été meilleur. Ce sont tout de même des choix politiques qui sont en cause, et sans leur révision, il est à craindre que ce qui vient d'être annoncé n'apporte pas de solution durable et ne soit que cautère sur jambe de bois.
Gilbert Garrouty