Les gilets jaunes visent l'Elysée

Les "gilets jaunes", en dépit de l'inorganisation de leur journée d'action, ont réussi leur démonstration. Plus de 2000 points de rassemblement en France, 284 000 participants -selon les chiffres officiels, ce qui signifie qu'ils étaient beaucoup plus- et les régions du sud-ouest et du sud ont largement participé. Un décès, des centaines de blessés, des tensions.
A Paris les manifestants ont réussi ce que les syndicats constitués n'ont semble-t-il jamais fait: se montrer près de la porte de l'Elysée au point, avant d'être repoussés, que M. Macron pouvait les entendre sans écouter les chaînes d'infos très mobilisées elles-aussi sur le sujet. On discute déjà sur la signification de cette approche du Palais: était-elle voulue, concédée, ou le résultat d'un manque de précaution des autorités?
En tout cas si les cris d'exaspération ont atteint le sommet du Pouvoir, celui-ci a continué de faire la sourde oreille aux revendications. Pas d' ouverture en direction de la réception d'une délégation de manifestants, comme il est pourtant d'usage en pareil cas.
On peut maintenant se demander quelle sera la suite donnée à cette journée du 17 novembre 2018 qui fera date. Certains groupes de gilets jaunes semblent vouloir poursuivre l'action. De son côté le Gouvernement reste sur ses positions espérant sans doute que la lassitude ou le besoin de travailler des citoyens en grogne contribuera "à noyer le poisson" et à faire avaler la pilule de la "supertaxation". De leur côté les gilets jaunes risquent de vivre des lendemains décevants s'ils ne tentent pas d'organiser leur mouvement, par exemple en mettant en place une coordination nationale. Ils pourraient s'inspirer de l'histoire de la Coordination Rurale face à une FNSEA jugée, en 1992, trop co-gestionnaire....Or, en cette affaire les syndicats de salariés ont, eux-aussi, brillé par leur silence...
G.G.