La vigne s'accroche au Moyen-Orient

Le vin symbole de tranquillité- Si le vin est parfois placé sur le banc des accusés en France, il est bénéficie de la plus grande considération dans d'autres pays, et sa production, dans des conditions bien plus difficiles, y fait l'objet de prouesses agronomiques. C'est ce que l'on retiendra en premier lieu de cette conférence sur les vins du Moyen Orient organisée à Bordeaux en marge du concours des Citadelles. Ainsi, pour ce qui concerne Israël, l'oenologue Yoham Sharon a notamment expliqué que dans son pays la société est maintenant passée du souci d'installer un Etat, à une certaine recherche du plaisir gastronomique. Après les contextes de tension et un retour au calme "le vin, dit-il, symbolise même la vie normale, la tranquillité". En dépit de conditions de productions difficiles quelques centaines d'exploitations sont ainsi encouragées à produire du vin en Israël, à en produire à nouveau, pourrait-on dire, puisque comme le soulignait l'intervenant, "le pays est le berceau biblique de la viticulture". Le prix qu'acceptent de payer les Israëliens est lui-aussi entraînant puisque de l'ordre de 40€ la bouteille. Le caractère cacher d'une grande partie de la production-dont un pourcentage est exporté vers les consommateurs juifs de plusieurs pays- explique le tarif. L'essentiel de la récolte est destiné au marché national, mais la consommation ne dépasse pas 7 litres par personne. Il y a 5 000ha de vigne en Israël pour une production moyenne annuelle de vin de 44 000 tonnes et de 35 millions de bouteilles. Il s'agit pour 75% de vins rouges. La vigne, relancée au départ en Israël au 19e siècle par Edmond de Rothschild, est cultivée dans plusieurs régions- Galilée, Samarie, Samson, collines de Judée- et une tentative d'implantation en plein désert du Neguev est en cours. Des essais avec le cabernet sauvignon et le pinot noir, malgré une irrigation enterrée, n'ont pas été concluants. Des essais vont y être entrepris avec des cépages blancs. Le cabernet sauvignon est largement implanté en Israël, mais le carignan y conserve une bonne seconde place.

Liban:malgré le Hezbollah- La volonté viticole est moins évidente au Liban pays durement ébranlé par la crise politique, le Hezbollah ne portant pas la vigne et le vin dans son coeur, et ayant même fait arracher 2000ha. Quelques propriétés, comme château Ksara, dont le conférencier Elie Maamari est le responsable commercial, s'accrochent pour maintenir une production qui se réfère, elle aussi, aux origines bibliques de la vigne: Noë "le premier viticulteur après le déluge" et le miracle de Cana où Jésus transforma l'eau en vin. La vigne est surtout implantée dans la vallée de la Bekaa, et à des altitudes qui vont de 600 à 1700m. 2000 ha de vignes qui produisent des rouges et des rosés, ce qui représente 6 à 7 millions de bouteilles. Les prix sont loin d'être les mêmes qu'en Israël:6 à 11€ la bouteille, ce qui permet l''exportation dans de nombreux pays. Le château Ksara dont on a pu déguster d'excellents rouges et rosés fut fondé en 1857 par les Jésuites. Il bénéficie du privilège de grottes qui lui servent de caves à température et hygrométrie idéales.