Une allure d'états généraux (Ph Paysud)
La filière santé, déjà confrontée à la mise en oeuvre des biotechnologies (voir nos récents articles et notre vidéo sur le GIPSO et le médicament "haute couture" ) n'échappera pas-tout comme le patient- à l'informatisation. D'aucuns considèrent qu'il y a encore beaucoup trop de "papier" entre les différents maillons de la chaîne. Les nouvelles TIC (Technologies de l'Information et de la Communication) ne sont peut-être pas sans risques, mais cette survivance de l'écrit, jointe à l'informatisation disparate et aux pesanteurs des liens entre praticiens ou établissements, présente aussi ses inconvénients. Alain Rousset, le président de la région Aquitaine, en accueillant les acteurs de la filière santé à l'Hôtel de Région a même employé le mot de "foutoir" à propos de la circulation de l'information médicale. Cependant les nouvelles étapes dans l'emploi des nouvelles technologies ouvrent la porte à d'autres dangers, en particulier celui du piratage de données personnelles à des fins d'intérêts ou de malveillance. Il importe donc que les progrès concernent aussi la protection de ces données à tous les échelons. Les différents acteurs de la filière vont donc -et ont déjà commencé- à entrer dans l'ère de petits outils, dotés de puces et de mots de passe, ressemblant aux cartes bancaires et aux clés USB. Le patient devra lui-aussi s'y faire. D'ailleurs c'est peut-être la zone d'ombre de l'initiative aquitaine: si un grand pas s'annonce dans la mise en réseau des divers maillons de la santé, on ne voit pas très bien comment la lisibilité s'améliore pour le patient. Or, comme l'a rappelé le Dr Pierre Simon, président de l'Association Nationale de Télémédecine, dans le cas d'AVC on a 4h30 pour agir si l'on veut éviter les risques de paralysie.
L'Aquitaine championne des TIC
MM Fourès et Comiti, administrateurs provisoires (ph Paysud)
On se dirige donc vers le développement de services de télémédecine, lesquels font largement appel aux TIC. Pour ce qui est de la protection des données, des solutions existent déjà et l'Aquitaine est bien placée grâce à la présence d'entreprises ou d'instituts spécialisés, en particulier l'INRIA. De plus, avec un millier d'emplois, 45% du chiffre d'affaire national, et une trentaine d'entreprises, elle est la première région de France dans le domaine de l'informatique santé. Il était donc logique que le secteur, se structure avec l'aide de l'organisme déjà existant qu'est Innovalis.. Cela sous la forme d'une association impulsée par la Région -elle n'y disposera toutefois que d'une voix consultative- le "Cluster TIC Santé Aquitain". Les bases en ont été jetées au cours de ces états généraux de la filière santé régionale. Les membres fondateurs en sont donc le Conseil Régional d'Aquitaine, Agfa HealtCare (dont le siège français est à Artigues-près-Bordeaux), MacKesson France (Cestas), l'INRIA (Institut National de Recherche en Informatique et en Automatique) dont le siège est à Talence, l'Université de Bordeaux. Après la présentation des statuts, deux administrateurs provisoires ont été désignés: Jean-Claude Fourès (Sigems à Villeneuve-sur-Lot) et Antoine Comiti (Kilab, Bordeaux -Unitec). Une assemblée générale constitutive aura lieu au mois de juin. Ainsi le "Cluster TIC Santé Aquitain" rejoint ceux déjà constitués dans le domaine des drones et de l'éolien. Ces mises en réseau permettent de mieux coordonner recherche et innovation, d'améliorer la visibilité pour les financeurs, de renforcer l'ancrage des entreprises au territoire. La région Aquitaine contribue déjà pour 3,5 millions d'euros.