Tout le monde il est content ou presque, après la communication de la Commission européenne sur la prochaine réforme de la politique agricole commune. Ce texte rédigé, sous la houlette du roumain Dacian Ciolos qui a succédé à Mariann Fischer Boël au poste de commissaire à l'agriculture, marque certes, du moins dans les termes utilisés, une rupture avec la vision avant tout commerciale des pays du nord de l'UE. Censé amorcer le débat qui doit précéder les décisions, il arrondi les angles, et, consensuel, s'approche des raisonnements de la profession . Il confirme et amplifie cependant les virages déjà amorcés avec la fameuse PAC 92 qui mit les campagnes françaises en ébullition, et qui fit naître la Coordination Rurale. Aujourd'hui, ce syndicat agricole est d'ailleurs le seul à condamner nettement les propositions de la Commission en déplorant une "surenchère environnementale" punitive. Dans le sud-ouest, le MODEF des Landes, une fois n'est pas coutume, est satisfait. Il se félicite "du verdissement" des aides annoncées, comme d'une répartition plus équitable des soutiens entre gros et petits agriculteurs. Si la Commission exprime la volonté d'une politique agricole "forte", elle met en parallèle l'impératif environnemental, invente la "croissance écologique" et entend prendre en compte "le changement climatique." Les petits exploitants bénéficieraient, eux, d'un régime spécifique de soutien. Même si tout ceci révèle ne nobles intentions, il est à craindre que la future PAC aboutisse à la mise en place "d'usines à gaz" qui handicaperont le dynamisme l'agriculture européenne, et en particulier française, pendant qu'en Amérique du Sud on développera avec l'aide de Monsanto (et d'autres) une production de grandes culture hyper-performante. Le projet demeure d'inspiration libérale sous couvert d'écologie, et Bruxelles ignore plus que jamais la préférence communautaire et ne fait pas une priorité de l'organisation et de la régulation des marchés, alors que les risques de la volatilité de ces derniers sont reconnus et déplorés. La compétitivité est le maître mot, mais le système envisagé risque de handicaper les producteurs français dans la concurrence mondiale. Seules les mêmes règles au plan international, ou une meilleure protection aux frontières de l'UE, rétabliraient l'équilibre. Question: la ruralité se portera-t-elle mieux sans quotas laitiers? Et quel sort pour droits de plantation de vigne? Le texte de la Commission ne semble pas aborder le sujet...
Gilbert Garrouty
Gilbert Garrouty