Bien qu'il ne soit pas certain que la majorité des citoyens saisissent bien l'enjeu de la réforme territoriale en gestation à la demande de Nicolas Sarkozy et du gouvernement, des élus de la majorité et du Parti Socialiste puisent dans le langage populaire pour tirer à boulets rouges sur ce projet. Pour Alain Juppé, qui est lui-aussi un élu local, selon les termes d'une interview à Sud-Ouest, "c'est se foutre du monde". Hier à Bordeaux Gérard Collomb, président de l'Association des Communautés Urbaines de France, et Alain Rousset, président de la région Aquitaine qui rencontraient la presse en marge des journées des communautés urbaines, en compagnie de Vincent Feltesse, président de la Communauté Urbaine de Bordeaux, ont également emprunté au langage commun en déclarant que le contenu du projet est tout simplement "dégueulasse".On le voit, l'heure n'était pas au compliment pour les promoteurs de cette réforme, en particulier pour Nicolas Sarkozy considéré comme le principal commanditaire et animé d'une volonté "de tout diriger". Gérard Colomb qui a dit avoir rencontré Alain Juppé, a indiqué que celui-ci est d'accord avec l'analyse que font de la réforme les trois élus socialistes.
"Plus qu'un big bang territorial, la réforme est un fric frac électoral "a lancé Gérard Collomb. Pour les élus socialistes qui se sont dits de ceux qui croient au développement économique "espèce en voie de disparition", la suppression de la taxe professionnelle "aura des conséquences catastrophiques". L'incidence financière risque d'être lourde pour les collectivités -moins 66% pour Dunkerque et moins 33% pour Lyon selon les exemples cités- et la compensation de l'Etat annoncée pourrait rapidement ne plus... compenser...
"Plus qu'un big bang territorial, la réforme est un fric frac électoral "a lancé Gérard Collomb. Pour les élus socialistes qui se sont dits de ceux qui croient au développement économique "espèce en voie de disparition", la suppression de la taxe professionnelle "aura des conséquences catastrophiques". L'incidence financière risque d'être lourde pour les collectivités -moins 66% pour Dunkerque et moins 33% pour Lyon selon les exemples cités- et la compensation de l'Etat annoncée pourrait rapidement ne plus... compenser...
Le développement économique menacé
Aux yeux des trois responsables du PS, la mécanique annoncée aurait des effets particulièrement négatifs pour ce qui est du développement industriel jusqu'ici largement encouragé par les collectivités, en particulier les communautés urbaines. Ne représentant plus un potentiel de ressources, les collectivités seraient moins portées à intervenir en faveur d'implantations ou de maintiens. De plus, a souligné Gérard Collomb, la pression des mouvements de protection de l'environnement risque de pousser les entreprises "à aller voir ailleurs". "Cet ailleurs pourrait être hors de France" a-t-il ajouté. En clair, le nouveau système handicaperait le développement économique et inciterait aux délocalisations. Pour Alain Rousset, faire reposer la taxation sur les ménages est un vrai danger. Le président de la région Aquitaine -qui a souligné que les collectivités accordent chaque année 9 milliards d'euros d'aide à ces activités- a par ailleurs estimé que le monde culturel et sportif risque d'être lui-aussi victime de la réforme et "qu'il est en train de se mobiliser".
L'autre point qui éveille le mécontentement est le futur statut de l'élu territorial qui serait à la fois conseiller général et conseiller régional. Pour Alain Rousset le rôle serait impossible à tenir pour ces représentants qui ne pourraient assumer toutes les responsabilités, et les économies invoquées sont illusoires. Alain Rousset et Gérard Collomb voient dans tout cela "une volonté de recentralisation, une mine anti-démocratique, une sorte de retour au bonapartisme" ainsi "qu'une organisation territoriale qui n'existe nulle part en Europe". Ils envisagent de porter certains aspects de la réforme devant le Conseil constitutionnel.
L'autre point qui éveille le mécontentement est le futur statut de l'élu territorial qui serait à la fois conseiller général et conseiller régional. Pour Alain Rousset le rôle serait impossible à tenir pour ces représentants qui ne pourraient assumer toutes les responsabilités, et les économies invoquées sont illusoires. Alain Rousset et Gérard Collomb voient dans tout cela "une volonté de recentralisation, une mine anti-démocratique, une sorte de retour au bonapartisme" ainsi "qu'une organisation territoriale qui n'existe nulle part en Europe". Ils envisagent de porter certains aspects de la réforme devant le Conseil constitutionnel.