Monoculture en question
La grande faiblesse du pin maritimedu côté de Saucats, en Gironde (ph Paysud)
Pourtant la tempête de 1999 n'était plus qu'un vieux souvenir, et les sylviculteurs s'étaient remis à y croire. Et, ironie du sort, ils venaient de mettre sur pied un système interprofessionnel qui, moyennant une contribution de 0,5% sur les ventes de bois sur pied, et de 0,15% des industriels sur leur chiffre d'affaire, allait permettre d'améliorer la promotion, la compétitivité, l'utilisation du bois de pin et la recherche, ainsi que la certification durable. Une nouvelle fois des horizons prometteurs se laissaient entrevoir pour une filière qui comporte les sylviculteurs, (il s'agit d'une forêt cultivée) les scieries, l'industrie papetière. Soit 34 000 emplois directs, près de 40 000 sylviculteurs, et un chiffre d'affaire annuel de 2,6 milliards d'euros. Or, en moins de 8 heures d'éléments en folie, 60% -selon les premières estimations- des pins maritimes de ces zones sablonneuses sont tombées parterre. Les dégâts seraient deux à trois fois supérieurs à ceux de 1999. Ni la faute à Voltaire, ni à Rousseau, mais au Ciel. Tout de même aussi un peu à l'homme. Disons-le:la monoculture du pin maritime va maintenant devoir affronter un autre genre de tempête. Il serait surprenant en effet que les écologistes ne montent pas au créneau pour dénoncer la monoculture du pin.
Le robinier ne rompt pas
On remarque cependant la réaction mesurée de France Nature Environnement, qui recommande de tirer les leçons de 1999, et considère que la priorité est aux aides d'urgence. Mais le président de FNE Pierre Lefêvre,qui estime que la question est de savoir si ces tempêtes peuvent se reproduire fréquemment, déclare:"pour l'avenir il faudra réfléchir ensemble à la reconstitution la pus adaptée,la plus résiliente, la plus à même de faire face". D'autres poseront peut-être le problème de façon plus abrupte. On peut en effet se demander si l'heure de la diversification n'a pas sonné pour ces Landes de Gascogne. Le pin maritime depuis la loi du 19 juin 1857 s'est répandu dans cette région avec son rôle fixateur des dunes, et il est à craindre qu'un brusque abandon aurait des conséquences catastrophiques. Mais le temps est venu de s'intéresser aux initiatives de diversification. Ainsi les plantations de robiniers (acacias) encouragées par la société Aternabois de Philippe Lorette (33-Saint-Jean-d'Illac) n'ont absolument pas plié sous le vent. Cette essence qui offre un bois permettant de multiples utilisations est dépourvue de feuillage en hiver, offrant ainsi moins de prise au vent, et elle est de plus, dotée d'un système racinaire pivotant. Peut-être existe-t-il d'autres végétaux susceptibles d'être implantés dans ces sols sableux et parfois marécageux? Le maïs si critiqué, avec une conduite en assolement, n'est-il pas lui aussi à valider? Mais bien sûr pas question d'enterrer la filière pin maritime. L'après-tempête sera donc une dure période pour la filière bois d'Aquitaine, d'autant qu'il se pourrait que les achats espagnols soient , cette fois, peu importants. Que faire de ces jonchées de troncs?