La Fondation Abbé Pierre ouvre le livre noir du mal-logement en France

C'est à un travail considérable que s'est livrée la Fondation Abbé Pierre pour le logement des défavorisés avec son 18e rapport "sur l'état du mal-logement en France", lequel peut servir d'appui à tous les acteurs des politiques en la matière. La Fondation qui jouxte la présentation de ces éléments nationaux avec ceux des régions au cours d'une tournée à travers la France était à Bordeaux ce jeudi, et à cette occasion, on a pu constater que l'Aquitaine n'est pas mieux lotie que les autres la situation y étant même, sous certains angles, plus préoccupante. Christophe Robert,délégué général-adjoint de la Fondation à dégagé et commenté les points forts du rapport qui estime à 3,6 millions de personnes le nombre des non ou mal logés, et à 5 millions celles qui sont en situation de fragilité à court ou moyen terme en matière de logement. Dans la première catégorie on trouve 685 000 personnes privées de domicile personnel et 133 000 sans domicile. Parmi ceux-ci 85 000 personnes résidant dans des bâtiments de fortune (baraques de chantier, bâtiments en construction, locaux agricoles...). Globalement la Fondation estime à 10 millions le nombre des personnes touchées par la crise du logement.
La Fondation Abbé Pierre qui a aussi radioscopé l'Aquitaine, est loin d'avoir trouvé une région en bonne santé en matière de logement. C'est ce qui ressort de l'analyse du directeur régional Pascal Paoli. La région cumule divers effets:chômage en hausse, faiblesse des revenus, zones sous tension (Bordeaux-CUB, Arcachon, BAB), attractivité de la région, notamment vis-à-vis des séniors, impact de la décomposition et recomposition des familles... Parmi les constats alarmants on relève que la part du seuil de pauvreté des ménages est passée de 12,7 à 13,4%, que 30% des familles mono-parentales ont un revenu au-dessous de ce seuil de pauvreté, et surtout que 70% des couples avec deux enfants sont exclus de l'accession à la propriété dans les zones sous tension.

Dans le domaine locatif ce n'est guère mieux:60% dans ces mêmes zones ne peuvent s'offrir un T2. Le logement social ne pallie pas les insuffisances en Aquitaine en dépit des efforts. Dans le domaine privé, 20 000 logements sont jugés insalubres,soit 6% du parc. D'autre part le bilan est loin d'être brillant côté HLM:l'Aquitaine est au 20e rang sur 22 régions, soit 38% au-dessous de moyenne nationale. Pourtant "la production de HLM monte mais elle ne comble pas le retard accumulé". Tout compte fait les HLM aquitains ne peuvent accueillir de nouvelles familles. La Fondation Abbé Pierre pose donc cette question à propos de la crise du logement en Aquitaine:"comment se fait-il que l'on a autant de décalage avec la solvabilité des ménages et la poursuite de la production d'un produit qui ne se vend pas"?
On assiste de plus à "découplage" territorial des coûts les prix des terrains et des logements étant beaucoup plus élevés dans les zones sous tension où est censé se trouver l'emploi.. Tout ceci pose la question de la politique du logement du gouvernement, de la tenue des promesses du candidat Hollande. Mais aussi celle des abus des promoteurs, des propriétaires privés, de la spéculation. Du coût de des diverses aides au logement également, mais aussi celle du revenu des familles, donc de l'emploi, donc de la santé de l'économie. La Fondation semble opter pour bien autre chose que la simple régulation par le marché...
G.G.