On pouvait s'y attendre: ce premier tour de scrutin des élections régionales est marqué par une défaite sans précédent de la majorité présidentielle UMP et par un score du parti socialiste en quelque sorte contre nature, du moins si on considère que le résultat du vote est en phase avec le contexte national. Le programme du Parti Socialiste ne brille pas en effet par sa clarté et sa crédibilité pour ce qui est de sa capacité à tirer la France de l'ornière. Mais sans doute les électeurs ont-ils considéré que la gestion socialiste des régions est satisfaisante. C'est le cas en Aquitaine avec un Alain Rousset très présent sur le terrain et à l'écoute des besoins des différents secteurs économiques. En Languedoc -Roussillon les électeurs ont toutefois accordé une prime à Georges Frêche, champion de la flèche en direction de cadres de son ex-maison mère. Ce qui laisse penser que tout ceci n'est que retour mécanique d'un balancier qui, après avoir atteint les excès de droite s'en va vers ceux de gauche. Il y a toutefois cette masse des abstentionnistes -plus de la moitié des électeurs- dont on peut penser qu'elle est faite d'adepte de la pêche, de déçus de la politique, et d'attentistes. Ces derniers vont-ils, au second tour, emprunter un mouvement moutonnier vers la gauche, ou voler au secours de l'UMP? C'est la grande question. Le grand malheur est cependant que le système ne permette pas l'installation d'un pouvoir réaliste de synthèse capable de défendre les intérêts régionaux et nationaux. Le résultat de ce premier tour sanctionne le sarkozysme, mais ajouter une trop forte dose d'écologie dans la direction des régions n'est sans doute pas le meilleur moyen de renforcer la capacité de celles-ci à booster leurs secteurs économiques qui en ont bien besoin. La percée des disciples de l'agitateur de 68, Cohn-Bendit, entamée aux européennes est, certes, stoppée, mais la vague rose risque de se perdre dans le brouillard vert avec tous les risques que cela comporte.