Pas de truffe de laboratoire
Jean-Marc Olivier, chargé de mission
L'intiative a été prise non loin de Sarlat, en début de saison. Le département de la Corrèze, le conserveur Delpeyrat, et le transporteur frigorifique STEF-TFE ont signé une convention pour une durée de trois ans qui ambitionne de percer le secret de la multiplication de la tuber melanosporum, la truffe du Périgord. Objectif annoncé: placer des "des truffes clonées" au milieu de rangées d'arbres jusqu' à ce que la symbiose avec ces deniers se réalise. Jean-Marc Olivier, souligne que "le mot de clônage n'est pas tout-à-fait bon, "qu'il prête à confusion" et que "l'on utilise avec des objectifs rapides, des résultats obtenus par l'INRA". Jean-Marc Olivier, il faut le préciser, a consacré une grande partie de sa carrière, à la recherche sur les champignons, en particulier la truffe, dans le cadre de l'INRA Aquitaine, à Villenave d'Ornon. Il est aussi co-auteur de l'ouvrage paru aux Editions Fanlac "Truffe et Trufficulture". L'objectif, explique-t-il, a été de définir des critères objectifs permettant de sélectionner des arbres et des truffes pour leurs aptitudes". "Mais, poursuit-il, il n'est pas question, de produire de la melanosporum en laboratoire". Il s'agit d'une voie qui a toujours besoin des arbres et du sol "et qui va demander du temps".
Nouveaux plants
Heureusement de nouveaux apports de la recherche, plus rapidement exploitables, sont en train de tomber. C'est ce qui fait dire à Jean-Marc Olivier que le colloque de Sarlat intervient au bon moment. Les résultats obtenus semblent permettre de mieux définir des méthodes de trufficulture assurant une production plus régulière. Une nouvelle génération de plants mycorhizés mieux sélectionnés et qui doivent donner de meilleurs résultats est attendue. Mais il "ne faut pas mettre la charrue avant les boeufs, et laisser le temps aux pépinièristes de les produire". Un autre aspect des choses qui sera mis en avant par les intervenants, est le fait que la trufficulture est impossible sans conduite écologique, et qu'elle exige la reconstruction des écosystèmes. "Rien à voir avec l'arboriculture fruitère". D'autres volets sont l'organisation de la gestion de la truffière, le recours à des moyens de diagnostic "de façon à éviter les erreurs", ainsi que l'incidence du changement climatique. Il est aussi question de réhabliter les anciennes truffières, estimées à plusieurs milliers d'hectares, en Dordogne. Il s'agit de savoir si le jeu en vaut la chandelle.
Truffes gelées?
Si l'on parvient à une véritable relance de la trufficulture, l'on aura accompli une bonne action économique. Le diamant noir se vend jusq''à 1000 euros le kg., ce qui ne manque pas de favoriser les importations de truffes de Chine qui atteignent une quarantaine de tonnes. L'équivalent de la production française! La relance trufficole est aussi une action de préservation des territoires ruraux, aussi bien sur le plan environnemental qu'économique, puisque le revenu espéré peut être conséquent. Cette année,la récolte s'annonçait plutôt bonne avant la neige et la vague de froid. On s'interroge cependant sur ce qu'aura été l'effet des gelées. Des truffes risquent d'être perdues,et d'autres de voir leur période de mâturation allongée. Rendez-vous fin mars pour le bilan de la saison, et dès vendredi à Sarlat pour la fête!