Lorsque il y a le feu à la maison on fait appel aux voisins pour lutter contre l'incendie. Or, en matière d'économie, en particulier côté agricole, l'incendie est en cours comme le prouvent les indicateurs économiques et les statistiques. Pour sa part, l'agriculture connait une chute de revenu sans précédent (voir ci-contre le communiqué des chambres d'agriculture). Dans ce contexte la coopération s'affirme comme un précieux moyen de faire a face aux crises ou aux grands méchants loups spéculateurs qui hantent des marchés. Dans le domaine agricole certes, mais aussi en dehors comme le montrent les programmes de cabinets d'affaires et l'organisation de grands rendez-vous mettant en valeur une coopération qui, il n'y a pas si longtemps, était considérée comme ringarde. Ce retour en habit mondain de cette forme associative a été souligné au cours d'un débat de la FRCAA (Fédération Régionale des Coopératives Agricoles d'Aquitaine) qui se déroulait à Bordeaux, par deux des intervenants: l'économiste Pascal Perri et Philippe Mangin, président de Coop de France. Le débat qui était placé sous le signe de l'agroalimentaire se déroulait salle du Théâtre du Pont Tournant, en plein quartier de Bacalan, ce qui conduisait d'ailleurs Alain Rousset, au terme de l'échange, à ironiser quelque peu sur le choix du lieu. Mais sans doute la FRCAA mettait-elle ainsi en scène le caractère dramatique de la situation en même temps que son souci d'austérité.
Une révolutoin dans la communication?
L'autre point que l'on retiendra de cette rencontre -amorcée par un "zapping " reprenant en partie les vidéos de notre forum Foire de Bordeaux- est le constat de l'immense fossé qui sépare une opinion conditionnée par le mouvement écologique et les réalités statistiques, comme celles de de l'agriculture. Sylvie Brunel (géographe, spécialiste des questions de développement) mettra l'accent sur ce phénomène, en expliquant même les origines. Elle considère pour sa part que pour sauver la planète, il faut d'abord sauver les paysans, et qu'il serait préférable de les aider (au plan mondial ) là où il sont, plutôt que de les laisser migrer massivement vers les villes. Le changement climatique? "Ce sont les paysans qui détiennent la solution". La biodiversité? "Ce sont aussi les paysans". Les paysages. "Eux également" .L'eau? "Sans elle il eut été impossible de répondre au défi alimentaire". La santé? "La qualité de l'alimentation a permis de faire progresser l'espérance de vie de 50%". On le voit, Sylvie Brunel rassure les agriculteurs. Elle ne leur conseille pas pour autant d'ignorer l'attente sociétale et leur suggère de mettre en oeuvre une véritable "révolution" en matière de communication en expliquant "au lieu de nous mettre en accusation, aidez-nous à mettre en oeuvre ce développement durable". "A vous de jouer, reprenez l'initiative, soyez fiers !" ajoutait-elle. Sylvie Brunel mettait ainsi le doigt sur l'une des plus grandes faiblesses de l'agriculture française qui, en dépit de multiples structures n'a jamais su, ni mener des programmes de communication ou de sensibilisation d'envergure, ni répondre aux accusations infondées répandues par voie médiatique...Et encore moins prendre l'initiative!
De nouvelles gouvernances?
Pascal Perri qui a quelque peu démythifié la notion de concurrence entre les grandes surfaces dont profiteraient des consommateurs, a pour sa part exprimé de propositions à retenir: il suggère l'interdiction de la spéculation sur les matières premières alimentaires ( "on ne joue pas avec un garde-manger) ainsi que la création d'un observatoire économique des marges doté d'un pouvoir immédiat de sanction. Cependant pour l'économiste la coopération est une solution intéressante, notamment pour répondre à la crise des importations alimentaires. Il suggère la création d'un véritable label des produits issus des coopératives, ainsi que d'une marque "France" à l'exportation. A ses yeux se pose cependant la question "de comment grandir?". Des unions avant des fusions. Mais se pencher sur la question des rapports avec les coopérateurs, donc "inventer de nouvelles gouvernances". Pour sa part Philippe Mangin tire la leçon de la "terrible année 2009", et déplore la méconnaissance de l'opinion à l'égard de l'agriculture et regrette que "personne de voie ne solutions moderne". La France devant présider le G20, il estime que c'est une occasion de faire progresser l'idée de stocks mondiaux alimentaires pour limiter la spéculation. La future PAC pour laquelle Coop de France rassemble des propositions dans un livre blanc "devra être capable de prévenir les crises", mais il ne faut pas espérer un retour aux anciens mécanismes.. Quant à la "contractualisation", point fort de la Loi de modernisation agricole actuellement en débat, "elle correspond aux fondements même de la coopération". Mais selon Philippe Mangin l'organisation économique doit être nettement renforcée en France. La coopération peut, estime-t-il, apporter le pouvoir économique aux paysans....
Christian Pees (Euralis), Michel Prugue (Maïsadour), Claude Baldi (Terres du Sud)-qui a posé avec Jean-Luc Capes la question de l'irrigation- Jean-Pierre Raynaud (président de la FRCAA) -qui a évoqué la dimension du mouvement coopératif en Aquitaine- sont intervenus dans le débat, tandis que Hervé Servat apportait le point de vue de l'administration, et laissait espérer une atténuation du restrictions à l'irrigation. Quant à Alain Rousset il assurait notamment que la région Aquitaine aiderait la création de retenues collinaires...
Christian Pees (Euralis), Michel Prugue (Maïsadour), Claude Baldi (Terres du Sud)-qui a posé avec Jean-Luc Capes la question de l'irrigation- Jean-Pierre Raynaud (président de la FRCAA) -qui a évoqué la dimension du mouvement coopératif en Aquitaine- sont intervenus dans le débat, tandis que Hervé Servat apportait le point de vue de l'administration, et laissait espérer une atténuation du restrictions à l'irrigation. Quant à Alain Rousset il assurait notamment que la région Aquitaine aiderait la création de retenues collinaires...