Nicolas Sarkozy, bien entouré par une protection rapprochée policière, et par les jeunes fans de l'UMP d'Ile-de-France, a réussi à inaugurer sans dérapage, ou incident marquant le 46e salon de l'agriculture, à Paris Porte de Versailles. Un parcours au pas de course selon ce qui nous est rapporté, et ce, dans une attitude de quasi-jeûne alimentaire digne d'un régime de star. Rien à voir avec les dégustations voraces de son prédécesseur Jacques Chirac, qui a toujours été comme le poisson dans l'eau au Salon de l'Agriculture, et qui écoulait facilement une demi journée auprès des vaches, surtout celles qui arborent la robe rousse limousine. Mais à chacun son style, et ne dit-on pas que seul le résultat compte. Or, en matière agricole, comme sans doute pour le reste, il n'est sans doute plus possible de faire grand chose tant nous sommes pris dans deux carcans, l'un européen et l'autre mondial. Mais l'important en politique c'est de laisser croire que c'est possible. C'est ainsi que, quelques jours avant, le président s'en est allé dans une ferme du Maine-et-Loire présenter sa politique agricole. Surtout des grands principes et des généralités, mais l'annonce d'une loi de modernisation agricole a surpris tout le monde. Une de plus puisque chaque gouvernement, chaque ministre de l'agriculture ou presque, croit devoir ainsi marquer son passage. "Ce serait déjà bien d'appliquer celle de 2006" a ironisé un membre du bureau de la FNSEA. Peut-être le numéro un du syndicat majoritaire, Jean-Michel Lemétayer, a-t-il été moins étonné que ce numéro deux! JML n'a-t-il pas été, en effet, sollicité pour figurer sur la liste de l'UMP aux prochaines élections européennes. Il a toutefois décliné l'invitation.
L' heure de l'adaptation
Quoi qu'il en soit l'heure est à l'adaptation de la PAC ( Politique Agricole Commune) et à sa révision pour l'après 2013. Si des adaptations en vue d'une plus juste répartition des aides sont souhaitables, la France première bénéficiaire -mais aussi premier producteur agricole de l'UE- risque de faire les frais de la réforme. Or, dans le contexte actuel, l'agriculture et l'agroalimentaire sont les mamelles les plus sûres de l'économie nationale. C'est en quelque sorte ce que rappelle le président, mais le problème c'est que l'on ne voit pas très clair dans sa politique. Le principe de modernisation signifie-t-il concentration des moyens de production aux dépens du tissu rural, une pilule que l'on tenterait de faire passer sous couvert d'écologie "grenellienne"? Le programme "objectif terre 2020" annoncé par Michel Barnier se veut un nouveau modèle agricole français". Mais s'il est appliqué tel qu'il est annoncé, il est tout de même à craindre qu'il représente "ces ficelles aux pattes" (du développement) que Claude Allègre redoutait au Sifel d'Agen (voir article dans Paysud).. Ce programme ne se propose-t-il pas de:* "Mieux utiliser une eau qui se raréfie;*Contribuer à la restauration du bon état écologique des eaux; *Contribuer à la richesse de la biodiversité et des paysages; *Protéger les sols agricoles;*Mieux maîtriser l'énergie et lutter contre le réchauffement climatique. Mais cela cache toute une série de plans qui vont instaurer des contraintes et des charges à la production: plan éco-phyto, plan performance énergétique des exploitations, plan certification environnementale, plansapiculture durable, plan agriculture biologique (sans doute le plus positif). Nombre d'agriculteurs "productifs" craignent que tout ceci se résume à un luxe étouffant.