Sylviculteurs du Sud-Ouest : après la tempête le vent du mécontement


Leur syndicat entreprend des recours devant les juridictions françaises et la Cour Européenne des Droits de l'Homme. Il demande également la levée des obligations réglementaires et le libre choix d'utilisation des sols
(voir également notre vidéo)


Sylviculteurs du Sud-Ouest : après la tempête le vent du mécontement
Les sylviculteurs du sud-ouest n'ont décidément pas le moral plus d'un an après la tempête Klaus qui a décimé la forêt cultivée des Landes de Gascogne. Leurs responsables syndicaux qui s'exprimaient au Barp (Gironde) devant un millier d'acteurs de la forêt aquitaine se sont montrés particulièrement désabusés en face de ce qu'ils considèrent comme le désengagement des pouvoirs publics après l'émotion et les promesses des lendemains de calamités. Le vent du mécontentement et de la déception succède désormais aux rafales de Klaus, et ce n'est pas sans une idée derrière la tête que Jean-Louis Martres -président actif démissionnaire en signe de protestation, mais tout de même président d'honneur du Syndicat des Sylviculteurs du Sud-Ouest- a rappelé que les électeurs forestiers sont 250 000. Le secrétaire général de l'organisation Christian Pinaudeau, expert dans le maniement de l'ironie aigre-douce, a expliqué que les sylviculteurs sinistrés "n'ont pas vu grand chose" du milliard d'euros annoncé dans le cadre du "plan Barnier".
"Alors si vous n'êtes pas sages, poursuivait-il, résignés et disciplinés, attention aux avantages fiscaux. Nous agaçons les plus hautes sphères parisiennes avec nos demandes. Nous n'avons droit à rien. Alors les sylviculteurs sont sinistrés, pillés,non indemnisés, sans garanties, confrontés à une nouvelle calamité phytosanitaire (ndlr:les attaques de scolytes) et en plus ils protesteraient!" Pour Christian Pinaudeau , il est clair "que Bercy a cassé le plan Barnier"

"Seule activité obligatoire"

Le problème de la forêt landaise se corse aussi pour d'autres raisons. Seule forêt cultivée d'Europe, il est évident qu'elle ne se trouve pas sur un souffle porteur. Comme chacun s'aime bien en Europe les pays forestiers du Nord, dans lesquels la forêt vient naturellement, n'ont guère envie d'être concurrencés par un massif productif. Le mouvement écologiste français, peut-être tombé dans le panneau, n'y est non plus guère favorable. Jean-Louis Martres s'interrogeait d'ailleurs sur la raison d'être "de certaines officines". Tout ceci dans un contexte d'austérité budgétaire nationale imposé par l'Europe qui conduit à chasser les niches fiscales jusque dans les sous bois, et jusqu'à la défiscalisation de la taxe DFCI (défense contre l'incendie). Mais les sylviculeurs ont beau jeu de rappeler que s'il y a peu d'incendie dans le massif, c'est grâce à une protection exemplaire .Le statut du forestier comporte quant à lui une particularité:en dépit du récent sinistre, des longs délais entre semis et coupes: il n'est pas libre. Il est confronté à l'interdiction de défricher et à une obligation de reboisement. "La forêt est la seule activité obligatoire" a affirmé Christian Pinaudeau. Aussi dans une résolution adoptée au terme de l'assemblée générale, les sylviculteurs demandent-ils la levée des engagements règlementaires et le droit de libre affectation des terres. Ce serait la possibilité de cultiver autre chose que des pins, mais aussi revaloriser la valeur économique des sols, et freiner leur utilisation pour autoroutes, LGV et autres infrastructures.

"Un élan brisé"

Jean- Louis Martres (voir notre vidéo) a considéré que les sylviculteurs "on été exécutés", qu'ils "se sont faits piéger "par le plan Barnier, mais que celui-ci avait bien atteint son objectif "de leurre"... Celui qui lui succède à la tête du Syndicat Bruno Lafon, énumérait quant à lui les "refus de l'Etat": refus d'indemnisation des sinistrés, refus de garantie en matière d'assurance, de traitement égalitaire entre sylviculteurs et par rapport aux agriculteurs. Et d'annoncer:
"par conséquent le Syndicat a décidé:
  • de lancer un recours indemnitaire devant les juridictions françaises mais aussi et surtout devant la Cour Européenne des Droits de l'Homme et du Citoyen;
  • de saisir le Conseil Constitutionnel pour illégalité de l'article 68 de la Loi de Modernisation Agricole portant sur les modalités d'assurance en forêt."
"Quelque part l'élan est brisé, affirmait pour sa part J-L Martres dans son "ultime" rapport. Semble-t-il pour de mauvais calculs comptables. C'est l'aveu que la France n' a pas, et n'aura pas de véritable politique forestière. La lamentable classification de notre fiscalité parmi les niches fiscales destinées à être détruites le prouve assez..."
Toute l'assistance s'est levée pour applaudir Jean-Louis Martres.

Un extrait de l'assemblée générale en vidéo

Vendredi 24 Septembre 2010

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