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Spécialiste des questions agricoles et environnementales, auteur du livre "Panique dans l'assiette" (Le Publieur) Gil Rivière-Wekstein fait part de son point de vue sur ces nouveaux Etats Généraux de l'Alimentation
Tout le monde le souhaite, mais les nombreuses tentatives de négociation avec la grande distribution ont rarement permis aux producteurs de mieux s'y retrouver. C'est pourquoi il faut être très vigilant et ne pas laisser le débat se déplacer sur des sujets annexes. Or, c'est précisément ce que veulent faire Nicolas Hulot et les ONG avec l'intention de prendre ces Etats-Généraux en otage pour imposer leur propre modèle agricole. Pour cela ils n'hésiteront pas à faire marcher la fabrique de la peur, telle que je la décris dans mon livre "Panique dans l'assiette, ils se nourrissent de nos peurs".Ces Etats Généraux vont-ils servir à quelque chose?
Que reprochez-vous à la politique de Nicolas Hulot ?
Nicolas Hulot, tout comme une grande partie du milieu écologiste, utilise cette fabrique de la peur pour mener à bien ses actions. Cela consiste à diffuser des campagnes anxiogènes qui installent chez le consommateur une idée fausse : notre alimentation serait dangereuse pour notre santé et le modèle agricole actuel en serait responsable. Résultat, selon un sondage TNS Soffres Food 360, en 2016, 80% des personnes interrogées considéraient le fait de se nourrir comme une activité à risque ! Pourtant, notre alimentation n'a jamais été aussi sûre qu'aujourd'hui, il est important de le rappeler.
Par exemple, on nous parle souvent des pesticides qui peuvent être présents sur les pommes. Or, comme nous l'apprend le Pr. Denis Corpet, auteur de la préface de mon dernier livre, pour ingurgiter autant de substances cancérigènes que dans un seul verre de vin bio ou non bio, il faudrait consommer 25 millions de pommes, soit une pomme par jour pendant 68 500 ans !
Vous dénoncez le risque de surenchère écologiste ainsi qu'une alliance étonnante entre ONG et grande distribution, pourquoi ?
Parce que cette alliance, a priori contre nature, permet un deal gagnant-gagnant entre les ONG et les GMS (grandes et moyennes surfaces). D'une part, elle donne aux ONG l'occasion d'imposer un modèle agricole décroissant, basé principalement sur les circuits courts et sur les productions dites de « forte valeur ajoutée ». Et d'autre part, elle va permettre aux GMS de ne rien lâcher de substantiel sur la répartition de cette valeur ajoutée. Les grands perdants seront bien entendu les agriculteurs qui ne trouveront pas leur place dans ces nouvelles filières, ainsi que les consommateurs, qui une fois de plus se font abuser par une belle mise en scène. Au nom de cette écologie punitive, si chère à Nicolas Hulot, nous risquons de mettre en péril des pans entiers de notre agriculture.
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