Le locavorisme en marche: vers une "ferme drive" en gironde

Le court, et ce n'est pas du cinéma -il s'agit de distribution des produits alimentaires-a le vent en poupe. Les agriculteurs, en particulier ceux qui pratiquent des productions très spécialisées, ou ceux qui ne disposent pas de surfaces leur permettant d'affronter la mondialisation, y voient une opportunité. D'autres, engagés dans la production à grande échelle y devinent des débouchés complémentaires. Ces besoins sont encouragés par une partie du mouvement consommateur qui ne se satisfait pas seulement du manger bio, et se préoccupe du maintien ou de la renaissance d'une économie de proximité. En théorie consommer local c'est trouver de la qualité alimentaire, faire vivre des hommes et des territoires, économiser l'énergie, ne pas nourrir les résultats financiers des grands acteurs de la distribution, instaurer un lien direct avantageux économiquement et socialement entre agriculteurs et consommateurs....
Le mouvement est déjà en marche, et il a même permis à une journaliste, Anne-Sophie Novel, d'écrire "Le Guide du Locavore". C'est cette jeune femme qui était invitée à animer , à la demande de la chambre d'agriculture de la Gironde, un débat sur le sujet à Bouliac, joli village qui domine Bordeaux, également connu par ses restaurants et , dans sa partie plaine, par ses "drives".. Auxquels, on le verra, il pourrait s'en ajouter un d'un nouveau genre.
Dans le cadre de démarches individuelles ou collectives, à travers marchés locaux, de producteurs (label MPPA des chambres d'agriculture) le circuit court est en vogue. Un agriculteur sur quatre y aurait recours en France, et pour 50% des exploitants agricoles aquitains cette pratique aurait une forte signification pour leurs chiffres d'affaire.

La vente de proximité semble cependant devoir prendre un virage imposé par les modes de vie actuels et l'ère d'Internet. Bernard Lafon, très engagé dans ce mouvement de relocalisation a présenté à Bouliac un projet assez inattendu, mais validé par Bienvenue à la Ferme (qui fait peau neuve aussi bien en renouvelant le logo à la petite fleur qu'en élargissant ses activités):la création d'une
"ferme drive" girondine qui pourrait réunir toute la gamme des productions agricoles locales. Le projet "premier centre d'éclatement proche de la rocade" qui débutera à petite échelle, aura valeur de test et , si les résultats sont positifs, l'expérience est susceptible d'être étendue en Gironde et en France. Bénéficiant d'un budget de 150 000€, le projet est très avancé puisque annoncé comme opérationnel pour le 15 septembre ou le 15 octobre. Le principe de fonctionnement est le même qu'en ce qui concerne les drives de la grande distribution, l'offre et commandes se faisant par Internet.
Cette idée de création de fermes drives (évitera-t-on l'anglicisme de farm drive?) reçoit le soutien de la chambre d'agriculture de la Gironde et de son président Bernard Artigue, également président national de Bienvenue à la Ferme. A Bouliac ce dernier a souligné la nécessité d'encourager "une agriculture plurielle" et d'aider les agriculteurs qui ont fait le choix de se développer par la production de proximité, ce qui selon Bernard Artigue, ne peut être que favorable à la vie des territoires. Il n'a pas caché cependant que "la difficulté sera d'aller à la pêche des producteurs". Il était rejoint en cela par le vice-président du conseil général de la Gironde en charge de l'économie solidaire Jean-Luc Gleyze. Le département n'en devrait pas moins soutenir l'expérience.
G.G.