Béatrice Denoyes (Ph Paysud)
On pourrait considérer ces cultures comme des "petites" productions, mais la fraise et la framboise sont probablement celles qui bénéficient du plus grand capital de sympathie de la part des consommateurs. Ces petits fruits sont à la fois le symbole de la nature, de la couleur, du plaisir des papilles. La culture de la fraise concerne plus particulièrement le sud-ouest français, et sutout l' Agenais et le Périgord, mais la seconde est aussi présente dans les Landes. On ne peut donc que se féliciter que l'INRA Aquitaine ait pris l'initiative de faire se rencontrer à Bordeaux, dans le cadre du projet européen GenBerry, les chercheurs spécialisés dans ce domaine des petits fruits, ceux d'Espagne, Italie, Ecosse, Allemagne, Lituanie, Roumanie, Pologne, et France. Pour notre pays c'est Béatrice Denoyes-Rothan directrice de l'UREF (Unité de Recherche sur les espèces Fruitières) de l'Inra Aquitaine qui est chargée de cette mission en collaboration avec des organisations professionnelles tels que le CIREF et Invenio. Ce projet européen "GenBerry" concerne la conservation et la caractérisation de la diversité génétique des petits fruits et plus particulièrement de la fraise et de la framboise. Il est soutenu par la Direction générale de l'agriculture (DG-Agri) de la Commission européenne, et coordonné par l'Unité de recherche Espèces fruitières (Inra Bordeaux-Aquitaine). Son objectif est d'assurer que les ressources génétiques européennes de la fraise cultivée et de la framboise sont préservées et caractérisées afin d’être utilisées dans les nouveaux programmes de sélection.
L'incidence de la chaleur
Béatrice Denoyes indique que la rencontre a permis une confrontation des points de vue qui s'est traduite par le constat d'évolutions comparables dans les huit pays, et par la confirmation de l'intérêt de la conservation des ressources génétiques. C'est en effet de fraisier cultivé dont il s'agit, et les variétés existantes peuvent s'user, ou être confrontées à de nouvelles situations climatiques. D'où l'intérêt de disposer d'une réserve génétique dans laquelle il serait éventuellement possible de trouver les éléments d'adaptation nécessaires. Il est à noter que sur ce point l'UREF Aquitaine entretient précieusement une belle collection de variétés sauvages. Mais les variétés de demain n'en devront pas moins, comme celles d'aujourd'hui (notamment Charlotte, Darselec,Mara des Bois) répondre aux impératifs de qualité marchande et gustative, et de rentabilité. Les contraintes de production biologique ou de réduction de l'emploi des produits phyto-sanitaires doivent également être pris en compte. On sait que la plante fraisier est dotée d'une forte capacité d'adaptation, mais il appartient aux chercheurs d'en tirer parti, notamment pour réduire la dépendance de la plante au réchauffement climatique. Ce dernier peut aussi entraîner l'apparition de nouvelles maladies, et il est donc capital de préparer les variétés de demain. La fraise cultivée a beaucoup changé en 30 ans comme le dit Béatrice Denoyes, et elle n'a pas fini d'évoluer...