De la Garonne au Yangtsé: le miracle de l'Ange Bleu

Comme le dit la chanson de Michel Fugain c'est une belle histoire. On pourrait même la qualifier d'extraordinaire, et il est heureux que ceux qui l'ont vécue aient permis aux caméras de la capter, de l'immortaliser, et donc de la partager sans doute avec des millions de téléspectateurs. On peut la voir telle un conte de fées, comme le fait d'un hasard qui fait parfois bien les choses, ou comme la conjonction de la chance et de la volonté d'entreprendre. Nous pencherons quant à nous pour cette dernière supposition tant il est vrai que bien souvent la chance, vient récompenser celui qui ne renonce pas. Alain Duvollet eut pu baisser les bras lorsque en 1994 l'élargissement de la RN10, en lui coupant l'accès à son restaurant, le priva de clientèle. Mais l'homme avait plusieurs cordes à son arc, notamment, pour y avoir travaillé, la connaissance du cabaret parisien.
Une salle de 1600 places-Il eut donc cette idée folle de tenter le rebond par la création d'un tel établissement en bordure de la quatre voie, sur le territoire de Gauriaguet, petit village girondin de la rive droite de la Garonne, qui ne compte pas plus d'un millier d'habitant. Une première salle de 400 places vit le jour en 1996. Ainsi naquit un cabaret de campagne, arborant l'enseigne très évocatrice des charmes mystique et féminins "l'Ange Bleu", lequel en 2008, avec l'arrivée des deux fils, franchit un échelon supplémentaire avec la construction d'un espace de 1 200 places. Avec, une capacité de 1600 places l'Ange Bleu qui s'est assuré les services d'un directeur artistique, Pathy Bad, est devenue le plus grand cabaret de France.

Les débuts furent difficiles, mais la persévérance porta ses fruits. On est venu de très loin, et par cars entiers, assister aux spectacles bien sûr très dénudés de l'Ange Bleu. 180 000 spectateurs par an à Gauriaguet, localité de 1 000 habitants! Cela devait bien finir par se savoir, et même au-delà des coteaux du Blayais. Mais là-aussi, la chance et le relationnel, jouèrent leur rôle. Un jour un producteur de spectacles amena une délégation chinoise en quête d'une tournée de cabaret français en Chine. La convaincre ne fut certes pas facile, mais l'on y parvint tout de même. C'est là où le film écrit et réalisé par Antoine Laura revêt tout son intérêt. Car il était permis à sa caméra d'être indiscrète et de tout suivre. Elle accompagnera même les artistes (enfin, si on a bien compris, le réalisateur a dû en louer une sur place, la douane chinoise lui ayant confisqué son propre matériel) jusque dans la Chine profonde.
Cachez ce sein!- La troupe partira pendant plusieurs mois à la conquête du public des immenses salles chinoises. Avec quelques adaptations imposées par le comité de censure local: les danseuses devront mieux cacher leurs seins...Le film de 52 minutes d'Antoine Laura fait revivre comme si on y était tout le suspense qui a entouré la sensibilisation de la délégation chinoise, puis le stress de la troupe lors des représentations de validation de la tournée dans le pays. Il donne aussi une petite idée de ce qu'est la Chine en matière d'expression artistique et de conditions de vie. Un documentaire à ne pas manquer dont on espère qu'il sera aussi diffusé sur le réseau national de France 3.
Aujourd'hui l'Ange Bleu a réussi sa percée en Chine. Il est même question qu'il se pose à Sian et même peut-être à Shangaï..
La Tournée des Anges. Un film écrit et réalisé par Antoine Laura. Coproduction Grand Angle Productions et France3 Aquitaine. Diffusé mardi à 8H45 sur le réseau sud-ouest de France3.