Le commerce équitable gagne du terrain

Les consommateurs des pays développés seront-ils aussi friands de produits certifiés "commerce équitable", qu'ils le sont de produits "bios"?.S'il est difficile aujourd'hui de parier sur cela, il faut bien constater que le mouvement est lancé: les ventes annuelles de biens équitables représenteraient 2,3 milliards d'euros dans le monde, et leur progression serait de 50% par an. Le côté spectaculaire du mouvement justifie donc que l'on s'y intéresse. C'est ainsi que la région Aquitaine a eu la bonne idée d'organiser à Bordeaux une conférence sur le sujet avec le souci d'aider les acteurs existants à mieux se "structurer".
Il conviendrait cependant dans un premier temps de préciser ce qu'est ce commerce équitable, et de communiquer sur les certifications sérieuses en la matière. Rappelons cependant que l'idée est d'améliorer les rapports nord-sud, et de prendre en compte les aspirations des producteurs et travailleurs, surtout manuels, désavantagés par l'autre commerce. Notamment leur permettre de bénéficier d'une juste rémunération. Le commerce équitable doit également intégrer les impératifs environnementaux, sociaux, et de protection des enfants. En Aquitaine, il est encouragé par les mouvements sociaux et solidaires, et d'ailleurs la conférence était co-organisée par la Chambre d'Economie Sociale et Solidaire de cette région.
Le commerce équitable, dans sa phase de contact avec le consommateur, semble être l'apanage de commerçants spécialisés, mais dispersés. C'est pourquoi en Aquitaine on a enregistré avec intérêt ce qui a été fait en matière de "structuration" dans la région Ile-de-France.

La démarche francilienne va donc servir de modèle à l'Aquitaine avec la mise en place d'une étude destinée à dresser l'état des lieux, et devant conduire aux initiatives collectives, notamment en matière d'organisation et de communication. La réalisation d'un répertoire des entreprises est le premier objectif. Mais d'ores et déjà on sait qu'il existe 135 acteurs du commerce équitable dans cette région. Plus de la moitié pratiquent la vente en ligne. Il s'agit pour 40% de produits alimentaires. 43% de ces entreprises se trouvent en Gironde, 24% dans les Pyrénées-Atlantiques, 12% en Dordogne et en Lot-et-Garonne, 9% dans les Landes. Au cours de la discussion, on a pu constater que malgré la croissance du commerce équitable, les distributeurs sont aux prises avec divers problèmes: l'emplacement des boutiques, le coût des loyers -prohibitif à Bordeaux- les difficultés d'approvisionnement, notamment en produits bios comme le soulignait un représentant de Biocoop. Il existe en effet un "cousinage" naturel entre le bio et l'équitable. De plus, on constate que cette notion "d'équitable" est sans limites: voyages, restauration, fournitures de festivals musicaux,etc. peuvent y prétendre. En tirant les conclusions de la conférence, Jean Lissar vice-président du Conseil Régional, soulignait la nécessité de mieux se faire rencontrer offre et demande, d'instaurer la collaboration des acteurs, et de "travailler ensemble" .
Il remettait ensuite les trophées de l'Economie Sociale et Solidaire qui sont assortis de la somme rondelette de 1500€.. Les heureux bénéficiaires sont l'association SIGNE (Gironde),les CIVAM des Pyrénées-Atlantiques, et les Petits Cageots.