Vin de Bordeaux: le second souffle des exportations vers la Chine

Les perspectives sont plutôt bonnes en cette saison de vendanges pour les vins de Bordeaux, en dépit des zones d'ombre découlant essentiellement de l'évolution négative de certains marchés, ou des réglementations qui pèsent sur la consommation ou sur la protection de la vigne. C'est ce qui ressort de la conférence de presse de rentrée de Bernard Farges et Allan Sichel (fédération du négoce) respectivement, président et vice-président du CIVB. Les conditions climatiques de cette année 2015 ont été favorables à la culture, et la qualité des vins rouges s'annonce de haut niveau. Bernard Farges a toutefois été prudent:"nous sommes très confiants pour l'avenir, il ne reste plus que quelques jours à attendre". Côté volumes les blancs secs s'annoncent plutôt déficitaires, alors que pour les rouges "les volumes sont très proches de la normale".
En ce qui concerne les ventes, suite aux petites récoltes précédentes, les stocks ont baissé, et en dépit d'un tassement des échanges mondiaux, les bordeaux ont tiré leur épingle du jeu retrouvant leur niveau de trois ans auparavant (95 millions d'hls). Cependant sur le marché français, les ventes en grand distribution ont baissé de 7% en volume, mais le chiffre d'affaire est resté stable. Une évolution qui conforte les déductions du Plan Bordeaux Demain: on constate un report vers "le coeur de gamme" (vins entre 4 et 15 € la bouteille) alors que les produits à moins de 3€ ont chuté de 32%.
L'autre point fort est le redémarrage des exportations:+2% en volume et +10% en valeur au second semestre 2015 alors que la période précédente avait connu un fléchissement. Ce sont les achats de la Chine qui redémarrent:+43% au second trimestre 2015 (+3% sur un an -juin à juin-).
En revanche le marché européen se réduit de 7%, avec un effondrement de 21% du marché anglais. Mais il semble que cela soit dû à une révision de la politique d'achat de Tesco qui devrait, en fait, aboutir à une reprise. Les achats de l'Allemagne ont progressé quant à eux de 10%.

La question des "pesticides" utilisés par les viticulteurs est particulièrement sensible après les polémiques apparues en Gironde à propos de traitements près des écoles. Le CIVB a alerté en début de saison les viticulteurs possédant des vignes voisines des établissements à risque. Début août, c'est la commune de Preignac, au coeur du Sauternes, qui a alimenté la chronique, l'INVS (Institut National de Veille Sanitaire) ayant été alerté à propos de cas de cancers chez des enfants. Bernard Farges a rappelé que les viticulteurs sont les premiers concernés, et "qu'ils utilisent des produits homologués par l'Etat avec des autorisations de marchés semblables aux produits pharmaceutiques que chacun de nous utilise". Si leur application n'est pas faite dans les règles, la profession condamne ces pratiques. D'autant que les viticulteurs disposent de tous les outils professionnels d'aide à la décision. Il semble toutefois que des règles nouvelles soient en gestation puisque le président du CIVB a révêlé qu'il existe un projet qui obligerait les opérateurs, lors des traitements, à se protéger façon cosmonaute...
b[Bernard Farges a par ailleurs évoqué les péripéties des tentatives de clarification de la Loi Evin, ]bet les paroles prononcées, à Bordeaux, par le Président de la République qui s'est prononcé en faveur de cette clarification. Mais le Conseil Constitutionnel ne l'a pas entendu de la même oreille. La loi santé revient à l'Assemblée Nationale courant octobre. L'amendement favorable déposé par les sénateurs et la majorité a été adopté par le Sénat. "Nous attendons, a dit le président du CIVB, que ces engagements soient maintenus jusqu'au bout, c'est-à-dire jusqu'au vote définitif à l'Assemblée Nationale".