La culture de l'audimat n'a pas disparu en même temps que la publicité des écrans nocturnes de la télévision publique, du moins dans les pages de certains medias qui, par ailleurs, de manquent pas de s'offusquer de la baisse de qualité des programmes et de l'envahissement de la pub. Ainsi au lendemain des 17e Victoires de la Musique classique présentées sur France3 par Marie Drucker et Frédéric Lodéon, on en voit qui considèrent que cette émission a été boudée par les téléspectateurs. Les compteurs de "l'audimat" ont révélé toutefois un score nettement meilleur que l'an passé, et une position de 4e rang des programmes les plus regardés, ce qui n'est pas si mal. D'autant que ces Victoires n'avaient pas bénéficié d'une promotion très intense, comme si France Télévisions avait craint de rencontrer, ou d'évoquer, du côté de Montpellier, le trop franc parler de Georges Frèche. Il est à parier que nombre de mélomanes qui n'ont pas l'habitude de se brancher sur France3 pour retrouver leurs morceaux favoris -et pour cause, le classique en début de soirée y a depuis longtemps disparu, et il n' a pas pris la place perdue par la pub- y sont venus parce qu'ils ont entendu des accents mélodieux venant de l'appartement voisin. Si on veut remettre à l'honneur la culture et cette musique qui adoucit les moeurs et renforce les esprits, il serait logique que la musique classique, et donc l'opéra, trouvent une place régulière à une heure de grande écoute à la Télévision publique. On sortirait ainsi de ce cercle vicieux qui veut "que l'on ne fait pas parce que l'on ne regarde pas". Cela dit, la télévision est avant tout un spectacle visuel, et il y a à travailler ce côté spectaculaire. Avec des clins d'oeil comme il y en a eu ce lundi soir sans doute, mais aussi un style de présentation à réinventer. En tout cas ceux qui étaient ailleurs n'auront pas eu la chance d'entendre et de voir deux extraordinaires talents invités: la mezzo-soprano américaine Vivica Genaux, et le pianiste français Alexandre Tharaud, sublime dans Chopin. Comment pourrait-on ne pas aimer ça?