Producteurs de lait: victoire ou "mascarade"?


Les industriels semblent prêts à céder aux revendications des producteurs de lait. Mais si la FNSEA se dit rassurée, la Coordination Rurale ne voit dans tout cela que "mascarade".


Producteurs de lait:  victoire ou "mascarade"?
Le dossier du lait est révélateur du passage a vide que vit l'agroalimentaire français, avec une chute sans précédent des exportations, et un effondrement lui-aussi rarement vu, du revenu agricole. Le secteur, d'ailleurs comme le reste de l'économie, a du mal à s'intégrer dans le contexte libéral et concurrentiel européen et mondial. En matière laitière, la France paye des années de refuge dans une économie régulée, soucieuse de maintien des prix, alors que les industriels et leurs actionnaires jouaient concentration, compétitivité et recherche des résultats. Pendant ce temps d'autres pays producteurs européens, dont l'Allemagne -avec semble-t-il, des encouragements publics- privilégiaient les volumes produits par rapport aux prix. Il n'en faut pas plus pour encourager les importations et faire pression sur ces prix... Mais la France continue à vouloir réguler: un accord interprofessionnel voici quelques mois -cet accord que les industriels rechignent à respecter- contraintes de la contractualisation à partir de l'année prochaine. Avec le perspective de suppression des quotas en 2013, on est plus que jamais dans la ligne de la libéralisation. La production risque de devoir suivre l'exemple concentrationnaire des industriels de façon à améliorer sa compétitivité. D'ailleurs dans une interview à Ouest-France Bruno Le Maire , tout en demandant l'application de l'accord, évoque un prochain plan français de modernisation de la filière. On semble donc vouloir jouer sur les deux tableaux. En tout cas un virage du secteur laitier vers le libéralisme intégral ne se situe pas dans la tradition ftançaise. A moins que l'on se moque maintenant du social et de la vie des territoires...

Les deux discours syndicaux

Le syndicalisme agricole majoritaire (FNSEA-FNPL) qui est monté au créneau semble toutefois avoir fait plier les industriels français. Certains se disent prêts à accorder les 10% de hausse du prix, les autres réfléchissent, et on va se retrouver le 20 août.
"Rassurés mais encore mobilisés !" estime la FNSEA. "Partout en France, poursuit-elle, les éleveurs se sont mobilisés pour sticker les produits des industriels qui remettaient en cause leurs engagements de juin 2009. Cette mobilisation a payé. Tous ont pris l’engagement de revenir sur leurs annonces de prix du troisième trimestre dans le respect de cet accord du 3 juin. Les entreprises ont accepté le principe d’une nouvelle réunion interprofessionnelle la semaine prochaine. Celle-ci devra permettre de conclure sur le prix annuel 2010, la prise en compte de l’indicateur de compétitivité avec l’Allemagne. Elle devra aussi travailler sur la problématique des coûts de production des éleveurs et sur celle des volumes à mettre en production.
Cette victoire syndicale nous amène à suspendre pour l’instant nos actions de boycottage. Mais nous resterons mobilisés et vigilants à l’évolution des négociations".
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La Coordination Rurale pousse quant elle un autre cri: " Arrêtez cette mascarade !" Et de poursuivre: "La FNPL s’agite, le ministre réagit : belle mascarade organisée pour obtenir le respect de l’accord du 03 juin 2009 alors qu’il ne permet même pas aux producteurs d’être justement rémunérés ! Tous oublient le vrai problème : la régulation européenne de la production du lait.
"Nos responsables politiques européens sont responsables de la situation par leur choix d’une politique libérale (abandon des quotas et suppression des outils de régulation) et nos responsables politiques français en sont les complices puisqu’ils ont choisi de favoriser l’agroalimentaire plutôt que l’agriculture (Loi de Modernisation de l’Agriculture votée au début de l’été) !"
La Coordination ajoute: "Face à cette attitude et au discours mettant en concurrence les producteurs français et allemands, l’EMB et l’OPL ( organisations spécialisées de la coordination) s’interrogent :
• Sommes-nous toujours en Europe ?
• Sommes-nous en guerre économiques entre « partenaires européens » ?
• Favorisons-nous une bataille entre producteurs européens pour satisfaire les financiers ? Défendre les intérêts des producteurs, est-ce stimuler une compétition qui se fait sur le dos des producteurs de tous les pays concernés ?"

De bonnes questions tout de même...

Ce que disait Serge Bergeon (FDPL 33)

Serge Bergeon avait évoqué la crise laitière au dernier Salon de l'Agriculture de Bordeaux. Un constat toujours d'actualité.
Jeudi 12 Août 2010

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