Les vins bios en Aquitaine et ailleurs: une croissance à deux chiffres

Le vin bio a le vent en poupe, aussi bien côté production, que consommation, et les producteurs aquitains, réunis depuis 1995 dans un syndicat spécifique -lequel vient de placer à sa tête un nouveau président en la personne de Patrick Boudon- ont bien l'intention de tirer parti du mouvement. Le Syndicat des Vignerons Bios, encouragé par la région Aquitaine, prend ainsi comme un nouveau départ, avec la contribution de sa jeune directrice Gwénaëlle Le Guillou. La structure est également motivée par l'évolution de la réglementation. Celle-ci, devenue européenne, va notamment permettre, dès le 1er août, d'indiquer simplement la mention "Vin Bio" sur les étiquettes, et d'abandonner l'expression "vin de raisins issus de l'agriculture biologique". La communication en sera notablement facilitée. Toutefois le logo bio européen (pas très parlant!) remplacera (ou s'ajoutera) au logo AB, bien connu du grand public, mais devenu facultatif.
La réglementation européenne qui est le fruit d'un compromis, limite les intrants utilisables, en particulier l'usage des sulfites. Ceux-ci devront être réduits de 30%. Certains additifs sont interdits, et ceux qui ne le sont pas devront être certifiés agriculture biologique. Un certain nombre de pratiques sont également prohibées, alors que traçabilité et enregistrements seront des éléments clés. Quant au contrôle du respect du cahier des charges il sera assuré par les organismes certificateurs actuels.
Mais les éléments les plus encourageants se situent du côté de l'évolution de la filière et des perspectives économiques. Pour Gwenaëlle Le Guillou, "on est depuis trois ou quatre ans en présence d'un mouvement de fond en faveur du bio, ce qui est tout sauf un effet de mode".

Les chiffres le confirment: en trois ans, deux fois plus d'exploitations sont tournées vers la viticulture bio. Les régions Aquitaine, Languedoc-Roussillon, PACA ont atteint l'objectif de 6% du vignoble en bio fixé par le Grenelle de l'Environnement et elles représentent les deux tiers des surfaces viticoles en biologie. En Aquitaine, 700 exploitations pratiquent la viticulture bio, soit 9500ha (+23%). Les surfaces ont été multipliées par 3 en Gironde, 2,5 en Dordogne, 4 en Lot-et-Garonne. La Gironde est devenue le 1er département d'AOP bio, et le second pour les surfaces.
Côté économie, le marché de l'ensemble des produits qualifiés de biologiques enregistre une progression de 10% par an, et les Français sont 43% à consommer au moins un produit bio une fois dans l'année. Pour ce qui est des vins bios en France, le marché a fait un bond de 90% en 6 ans. 30% de la production française trouve un marché à l'exportation, avec toutefois des obstacles aux Etats-Unis où la réglementation est différente.
Ce mouvement cache néanmoins un côté trompeur comme le laissait penser l'intervention de Jean-François Lespinasse, un viticulteur bio qui faisait part de son expérience au cours de la conférence de presse de Bordeaux. Les charges dues au temps de travail et à l'investissement en matériel augmentent les coûts de production de 30% par rapport à ceux de la viticulture conventionnelle. De plus, les moyens traditionnels de commercialisation lui paraissent inadaptés, et il convient d'en créer de nouveaux. C'est aussi un peu ce que disait Mésuline Ampe Landais, vigneronne et négociante en bio. La filière viticole bio organise déjà ses propres concours: "Expression Bio" a permis d'attribuer 14 médailles d'or, 16 d'argent, et 6 de bronze...
G.G.
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