Le projet de fusion des coopératives Périgord Tabac et Midi Tabac se confirme

Réunis à Boulazac (Dordogne) pour les assemblées générales de la caisse d'assurance et de la coopérative, les producteurs Périgord-Tabac se veulent raisonnablement optimistes malgré une conjoncture peu favorable. Le projet de fusion avec la coopérative tabacole Midi-Tabac devrait se conclure en juin 2016 selon le président Jacques Beaudoin. Cette fusion devrait permettre d'optimiser le management des coopératives, de revoir la communication et de redéployer la production.
Les campagnes 2014 et 2015 – En 2014, 490 ha de tabac ont été plantés, une diminution moindre qu'en 2012 et 2013. Les conditions climatiques ont été relativement favorables avec peu de sinistres et des conditions de dessiccation plutôt satisfaisantes. Les quantités livrées à Sarlat ont été en hausse (+ 13%) par rapport à 2013. En 2015, pour la première fois dans l'histoire de la tabaculture française, la production n'aura aucun soutien financier extérieur ou public. C'est une nouvelle ère pour les tabaculteurs qui seront rémunérés uniquement par le prix commercial. Au niveau de la production, l'année 2015 est encore marquée par une baisse du nombre d'exploitations et des surfaces. Comme l'indique J. Beaudoin, "les tabaculteurs sont de moins en moins nombreux dans une région où la population agricole vieillissante peine à se renouveler, mais il y a encore des raisons d'espérer, notamment grâce à la mécanisation et aux prix commerciaux."

• "L'ASSURANCE FACTEUR DE SECURITE"

Evolution de l'assurance récolte - Au cours de l'assemblée générale de la caisse d'assurance, le président J. Huard et la directrice G. Catinel évoquent le nouveau système d'assurance des récoltes ou "contrat socle". Ce dispositif, initié par les pouvoirs publics, a pour but d'inciter les agriculteurs à s'assurer pour des productions, jusqu'à présent, peu couvertes (arboriculture, fourrage…). Pour les tabaculteurs, cette assurance représente un facteur de sécurité car la plante est particulièrement sensible aux accidents climatiques comme la grêle. Pour le tabac, un régime d'assurance existait depuis 1895. Après la disparition du monopole du tabac, dès 1971, dix caisses mutuelles des producteurs de tabac étaient créées, reliées à une caisse de Réassurance qui assure, par péréquation, la garantie des sinistres (climatiques et épidémiques) qui varient beaucoup en fonction des années.

Georgette CATINEL, nouvelle directrice de Périgord-Tabac (photo en médaillon) - Didier Ther ayant fait valoir ses droits à la retraite Georgette Catinel, son adjointe depuis de nombreuses années, a repris les rênes de la coopérative depuis septembre dernier. Lors de l'assemblée générale, elle a présenté les résultats de la campagne écoulée et détaillé les actions en cours afin de recruter de nouveaux planteurs avec notamment un nouveau site internet http://www.perigordtabac.com
Jacques BEAUDOIN passe la main- (photo en médaillon) -Président de la coopérative Périgord-Tabac depuis 1995, ayant également des responsabilités au niveau national, planteur depuis plus de 40 ans dans la région bergeracoise, Jacques Beaudoin a décidé de remettre son mandat lors du prochain conseil d'administration. J. Beaudoin a toujours été à la pointe de l'innovation en passant du tabac brun au Virginie dans les années 1980, puis au Burley. Pour ce type de tabac récolté en tige, il a largement contribué à la modernisation de la récolte. Il peut être très fier de son parcours.
Fusion Périgord-Tabac et Midi-Tabac – Dès 2013, le président Beaudoin avait annoncé "la nécessité de réformer les structures nationales et régionales afin de les calibrer à la réalité de la production".

• VERS LA COOPERATIVE UNIQUE

Si dans les années 1990, le territoire français était couvert par 11 coopératives tabacoles, suite à des fusions 7 subsistaient encore en 2013. En décembre 2015, les coopératives Nord-Loire Tabac et Alsatabac ont fusionné. Périgord-Tabac avec 259 exploitations pour 490 ha en 2014 et Midi-Tabac avec 296 exploitations pour 607 ha, sont de taille comparable et fusionneront en juin 2016. Il ne restera plus que 5 coopératives tabacoles en France. A terme, l'objectif et de n'avoir qu'une seule coopérative avec des pôles techniques régionaux, reliés par un système d'information et de communication unique . Mais le chemin est encore long comme le souligne Jacques Morlan, vice-président de Midi-Tabac qui a déjà vu des fusions de coopératives. Il défend l'esprit coopératif et l'usine de transformation de Sarlat et indique que le mot "fusion" fait souvent peur et demande du temps pour être adopté. Il faut que chacun s'approprie la démarche

Bergerac Seed and Breeding (BSB) – Comme cela avait été annoncé lors de la précédente assemblée, les tabaculteurs français ont créé en avril 2015 une société semencière spécialisée dans la sélection variétale du tabac, et dans la production et la commercialisation de semences de tabac. Cette entité dénommée "Bergerac Seed and Breeding" a repris un partie des activités et du personnel de l'Institut du Tabac et surtout la banque de gènes et variétés commerciales. Plus d'infos sur: http://www.bergeracsb.com
En résumé, les responsables croient fermement en l'avenir de la filière tabacole française et notamment dans le Sud-Ouest, où "le tabac est dans l'ADN des agriculteurs", comme le souligne J. Auzou, le maire de Boulazac. La mécanisation de la récolte du tabac Burley doit permettre de reconquérir des producteurs et maintenir une production de qualité. La survie de la filière passe par l'augmentation des surfaces de production, "mais le chemin est encore long" comme le précise Georgette Catinel, la nouvelle directrice de Périgord Tabac.
René DELON
Notre photo : Assemblées générales de Périgord tabac du 21 décembre ( de g à droite ) F.Marin, J.Huard, J.Beaudoin, et G.Catinel à l'extrême droite