Suite à leur assemblée générale, les représentants de l’Interprofession du foie gras - CIFOG – ont été reçus la semaine dernière par Marc Fesneau, ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire. L’occasion pour eux d’alerter le ministre sur l’extrême gravité de la situation de la filière tant pour les éleveurs que pour l’ensemble des professionnels du secteur qui nécessite un renforcement urgent de l’accompagnement financier pour tous. En effet, alors que certains élevages de canards à foie gras ont repris la production dans le Sud-Ouest et que les Pays de la Loire et le Périgord y seront également autorisés en juillet/août, cette reprise de la production sera très fortement handicapée par le manque cruel de canetons.
Cette forte pénurie de canetons est liée à l’impact inédit de cette épizootie sur le maillon accouvage, en particulier en Pays de la Loire, région qui représente 100 % de la génétique mondiale et plus de 70% du potentiel français de reproduction pour le canard mulard. Ce sont près de 90% des reproducteurs qui ont été décimés et ce capital mettra de longs mois avant de se reconstituer. À date et malgré la très grande réactivité des accouveurs à redémarrer des cheptels en zone indemne, les professionnels estiment que les couvoirs ne pourront fournir que 50% des animaux nécessaires au redémarrage de la filière. Ils ne s’attendent pas à un retour à la normale avant le second semestre 2023.
Cette situation inédite à des conséquences catastrophiques pour la reprise d’activité des éleveurs et des transformateurs :
- Les zones indemnes, comme l’Alsace, ne sont pas livrées en canetons à la hauteur de leurs commandes alors que, pour l’instant, elles ne bénéficient d’aucune indemnisation,
- Les Pays de la Loire et le Quercy-Périgord qui pourraient rouvrir leurs élevages d’ici un mois ne disposeront pas de canetons en quantité suffisante,
- De leur côté, si les éleveurs du premier bassin touché (Landes-Gers-Pyrénées Atlantiques) ont pu progressivement remettre un premier lot de canetons en élevage, ils subiront des vides sanitaires bien au-delà des 4 semaines habituelles avant de pouvoir disposer de nouveaux canetons pour le second lot avant les fêtes,
- De nombreux abattoirs et ateliers de transformation sont dans l’obligation de recourir au chômage partiel de longue durée faute de matière première : ce sont des emplois et surtout des savoir-faire qui sont menacés de disparaitre.
Face à cette situation d’une extrême gravité, le CIFOG demande aux pouvoirs publics de prendre en compte l’allongement de la période de vide sanitaire imposé par la pénurie de canetons dans le calcul des indemnisations des éleveurs : il est en effet vital que les indemnisations couvrent le vide sanitaire global subi jusqu’au 30 juin 2023.
Une solution doit être également trouvée pour accompagner les producteurs en zone indemne, leur activité dépendant totalement des zones règlementées.
(D'après le communiqué du CIFOG)