La Grande Région et l'Aquitaine:"on sait pas où on va mais on y va" estime Dominique Graciet

Comme on pouvait le prévoir, la création des grandes régions entraîne de profonds bouleversements du côté des organisations professionnelles contraintes d'emboîter le pas. Pour ce qui est des chambres d'agriculture, l'APCA et l'Assemblée des Régions de France ont signé récemment une charte de gouvernance, qui sans doute pour mieux faire passer la pilule, réaffirme leur "statut d'interlocuteur privilégié dans les instances de gouvernance des politiques agricoles". Un accord qui n' a pas empêché le gouvernement de baisser, à travers la Loi de Finances, les recettes publiques des chambres d'agriculture de 35 millions d'euros en trois ans, et de prélever 55M€ sur leurs fonds de roulement.
Mais les chambres n'entendent pas moins "positiver" et se projeter dans l'avenir, bien qu'à première vue il paraisse difficile de faire plus avec moins. Pour ce qui est de la grande région, "on sait pas où on va, mais on y va!" a tout de même avoué le président de la chambre d'Agriculture d'Aquitaine, Dominique Graciet, au cours d''une rencontre avec la presse à Bordeaux. La structure consulaire aquitaine ne s'engage pas moins dans un mouvement de réorganisation -au demeurant déjà entamé dans les 5 départements- avec en point de mire la création d'une chambre unique grande région en 2020 (1). Dominique Graciet a souligné que l'on ne doit pas refuser le "progrès", ajoutant même:"on va s'occuper des réfractaires"!(ce qui tend à indiquer qu'il en existe!)
Quelles conséquences sur les actions de proximité, sur la cohérence du développement agricole, et l'emploi dans les chambres d'agriculture? On veut qu'il y en ait pas de négatives, mais les réponses ne sont pas très convaincantes. "Il faudrait un budget multiplié par trois" confie aussi Dominique Graciet.

Dans cette phase intermédiaire, la chambre régionale d'agriculture d'Aquitaine, est partie prenante dans la réorganisation .Un système transversal comportant cinq chantiers prioritaires: l'élevage, la viticulture (leader: la chambre de Gironde), l'installation (chef de file la Dordogne), l'agriculture biologique (avec le Lot-et-Garonne), la forêt (avec les Landes et un Comité d'Orientation). Autrement dit les départements sont appelés en renfort,
Les "moyens généraux , seront quant également mis en commun. Les chantiers de l'agro-écologie, des fruits et légumes, et de l'eau se verront eux-aussi régionalisés. En dépit de la place de la métropole bordelaise et de la position de force de l'Aquitaine -présence de la capitale de la grande région, 50% du potentiel économique- Dominique Graciet entend que tous les territoires soient pris en compte et ne pâtissent pas de la dominance de Bordeaux et de l'Aquitaine. Les chambres disposent pour cela "d'un réseau d'élus, d'une force que représentent les 500 agents répartis sur tout le territoire assurant la relation de proximité avec les agriculteurs". La réorganisation programmée devant être mise en place au début de l'année sera présentée lors de la session de la chambre aquitaine le 31mars.
Au-delà de l'incidence globale des réformes, des questions se posent quant au fonctionnement et à l'avenir des actions qui étaient engagées avec Midi-Pyrénées, par exemple côté IGP foie gras et bannière promotionnelle Sud Ouest. L'idée de Dominique Graciet semble être que leur gestion revienne à... l'Aquitaine seule. Survivrait-elle au grand chambardement?
Gilbert Garrouty
1) Reste à voir si cela peut se faire sans procédure législative. Les chambres d'agriculture ont été créées par une loi du 3 janvier 1924