Jean-Luc Guérin (DR)
Le CIFOG s'inquiète de la rapide progression du virus de l'influenza aviaire et souligne que les professionnels poursuivent leur travail sur le terrain aux côtés des services de l'État.
"La rapidité de mise en œuvre de ces dépeuplements et de traitement des foyers est la condition indispensable pour aller plus vite que le virus. C'est pourquoi le CIFOG (Interprofession du Foie Gras) demande de toute urgence le renforcement des moyens techniques et logistiques sur le terrain pour traiter les foyers de contamination. L'enjeu est d'éviter une propagation du virus à d'autres régions."
En appui de cette démarche le CIFOG diffuse l'interview de Jean-Luc Guérin, professeur en aviculture et médecine aviaire, qui explique les choix stratégiques retenus:
Des efforts et investissements importants ont été faits depuis les dernières crises (2015-2016 et 2016-2017) et ils ont sans doute permis d'améliorer globalement le statut sanitaire des élevages vis à vis de plusieurs maladies infectieuses et pas uniquement l'influenza aviaire.
Malheureusement, force est de constater que cela n'a pas permis d'empêcher une épizootie dans les Landes cette année pour plusieurs raisons. D'une part, le niveau de contamination des oiseaux sauvages semble particulièrement élevé avec notamment un grand nombre d'oiseaux trouvés morts au bord de la Baltique (plusieurs milliers) ou dans d'autres zones d'Europe du Nord où toute la façade Atlantique est concernée. D'autre part, le virus est extrêmement contagieux et le développement récent de l'épizootie suggère que nous étions sans doute bien en dessous de la réalité dans nos prévisions. Enfin, les densités de canards qui ne pouvaient pas être mis à l'abri dans certaines zones des Landes a rendu quasiment impossible la maitrise de ce risque de transmission à partir des foyers initiaux. Aucune protection n'est absolue évidemment, et des cas de contaminations ont aussi été observés dans des élevages en claustration. Néanmoins, à l'échelle d'un territoire et à ce moment très précis, cette situation a très certainement aggravé le risque de diffusion du virus pour tout le monde.
Pourquoi fait-on des abattages préventifs et pourquoi privilégier la stratégie centripète ?
L'objectif premier est d'arrêter l'épizootie et pour cela la réponse est hélas simple : il faut dépeupler les élevages autour des foyers, pour retirer les potentiels "hôtes" du virus et éteindre cette dynamique épidémique. Pour que cette stratégie fonctionne, il faut assumer l'abattage d'animaux non infectés, le risque de contamination étant de toute façon trop élevé. L'expérience montre d'ailleurs que des élevages à proximité de foyers sont condamnés à être eux-mêmes contaminés s'ils ne sont pas dépeuplés rapidement. Cette stratégie, dès lors qu'il y a de nombreux foyers dans un secteur, doit de préférence être "centripète", c'est à dire commencer à dépeupler en périphérie et revenir vers les foyers. L'objectif est de créer une zone vide pour stopper la propagation du virus à partir des foyers.
Pourquoi ne pas vacciner ?
La vaccination contre l'influenza aviaire est un outil à manipuler avec une extrême prudence : elle ne peut être envisagée que si la biosécurité est bien mise en place et si tous les animaux vaccinés sont testés pour garantir qu'ils ne sont pas infectés par un virus pathogène à bas bruit (malgré la vaccination). En effet, la protection vaccinale n'est pas absolue et le principal danger serait qu'une vaccination mal maitrisée aboutisse à la circulation silencieuse de virus influenza pendant des années. Ce n'est pas anodin et ce ne serait pas acceptable, notamment vis à vis de nos partenaires commerciaux européens et internationaux. De plus, au regard de la vitesse de propagation de l'épizootie, la vaccination influenza ne peut pas se mettre en place en urgence. Il est donc trop tard cette année, d'autant plus qu'aucun vaccin efficace n'est industrialisé à ce jour. Ceci dit, il n'y pas de tabou et cette piste pourra être instruite pour l'avenir.
"La rapidité de mise en œuvre de ces dépeuplements et de traitement des foyers est la condition indispensable pour aller plus vite que le virus. C'est pourquoi le CIFOG (Interprofession du Foie Gras) demande de toute urgence le renforcement des moyens techniques et logistiques sur le terrain pour traiter les foyers de contamination. L'enjeu est d'éviter une propagation du virus à d'autres régions."
En appui de cette démarche le CIFOG diffuse l'interview de Jean-Luc Guérin, professeur en aviculture et médecine aviaire, qui explique les choix stratégiques retenus:
- Comment se propage le virus et pourquoi en sommes-nous arrivé à cette situation ?
Des efforts et investissements importants ont été faits depuis les dernières crises (2015-2016 et 2016-2017) et ils ont sans doute permis d'améliorer globalement le statut sanitaire des élevages vis à vis de plusieurs maladies infectieuses et pas uniquement l'influenza aviaire.
Malheureusement, force est de constater que cela n'a pas permis d'empêcher une épizootie dans les Landes cette année pour plusieurs raisons. D'une part, le niveau de contamination des oiseaux sauvages semble particulièrement élevé avec notamment un grand nombre d'oiseaux trouvés morts au bord de la Baltique (plusieurs milliers) ou dans d'autres zones d'Europe du Nord où toute la façade Atlantique est concernée. D'autre part, le virus est extrêmement contagieux et le développement récent de l'épizootie suggère que nous étions sans doute bien en dessous de la réalité dans nos prévisions. Enfin, les densités de canards qui ne pouvaient pas être mis à l'abri dans certaines zones des Landes a rendu quasiment impossible la maitrise de ce risque de transmission à partir des foyers initiaux. Aucune protection n'est absolue évidemment, et des cas de contaminations ont aussi été observés dans des élevages en claustration. Néanmoins, à l'échelle d'un territoire et à ce moment très précis, cette situation a très certainement aggravé le risque de diffusion du virus pour tout le monde.
Pourquoi fait-on des abattages préventifs et pourquoi privilégier la stratégie centripète ?
L'objectif premier est d'arrêter l'épizootie et pour cela la réponse est hélas simple : il faut dépeupler les élevages autour des foyers, pour retirer les potentiels "hôtes" du virus et éteindre cette dynamique épidémique. Pour que cette stratégie fonctionne, il faut assumer l'abattage d'animaux non infectés, le risque de contamination étant de toute façon trop élevé. L'expérience montre d'ailleurs que des élevages à proximité de foyers sont condamnés à être eux-mêmes contaminés s'ils ne sont pas dépeuplés rapidement. Cette stratégie, dès lors qu'il y a de nombreux foyers dans un secteur, doit de préférence être "centripète", c'est à dire commencer à dépeupler en périphérie et revenir vers les foyers. L'objectif est de créer une zone vide pour stopper la propagation du virus à partir des foyers.
Pourquoi ne pas vacciner ?
La vaccination contre l'influenza aviaire est un outil à manipuler avec une extrême prudence : elle ne peut être envisagée que si la biosécurité est bien mise en place et si tous les animaux vaccinés sont testés pour garantir qu'ils ne sont pas infectés par un virus pathogène à bas bruit (malgré la vaccination). En effet, la protection vaccinale n'est pas absolue et le principal danger serait qu'une vaccination mal maitrisée aboutisse à la circulation silencieuse de virus influenza pendant des années. Ce n'est pas anodin et ce ne serait pas acceptable, notamment vis à vis de nos partenaires commerciaux européens et internationaux. De plus, au regard de la vitesse de propagation de l'épizootie, la vaccination influenza ne peut pas se mettre en place en urgence. Il est donc trop tard cette année, d'autant plus qu'aucun vaccin efficace n'est industrialisé à ce jour. Ceci dit, il n'y pas de tabou et cette piste pourra être instruite pour l'avenir.