Un autre volet de cette longue soirée Alagna-Mariano se situait sans doute en dehors des arènes de Bayonne confortablement garnies pour cet hommage au "chanteur de Mexico": le documentaire (réalisation Jean-Luc Muller, coproduction David Alagna-Jean François Ravel) diffusé par France 3 Aquitaine immédiatement après un concert- au cours duquel le "Sicilien" ne s'est pas fait prier pour répondre aux sollicitations du public ravi- a permis de mesurer la réelle admiration de ce dernier pour le chanteur d'opérette qui avait rêvé de l'opéra. Ceux qui se seront senti le courage de prolonger la soirée jusqu'à 2 heures du matin, auront ainsi pu trouver comme un soulagement en ce sens que cette opération n'était pas seulement de caractère commercial. Roberto Alagna, selon ses confidences recueillies par les auteurs du film, ressent depuis son plus jeune âge une profonde admiration pour Luis Mariano, et c'est peut-être à l'écoute de disques ou d'enregistrements dont disposait sa mère qu'il doit la découverte de sa propre vocation et son succès sur les scènes lyriques du monde entier. Il souligne ainsi dans ce documentaire baptisé "Le soleil dans la Voix" qu'il avait envie, et qu'il se devait, de lui rendre hommage. Les extraits d'opérettes dans lesquelles a triomphé Mariano ont permis de se remémorer- et pour les plus jeunes, de découvrir -l'immense talent charmeur du chanteur-vedette des opérettes de Francis Lopez. Né à Irun, établi à Arcangues, en Pays basque français, Luis Mariano exprimait son grand talent avec une pointe d'accent, une vérité et une profondeur saisissantes. On ne peut, certes, demander à Alagna de nous reproduire tout cela à l'identique, et ce n'était pas son but, ni celui de son accompagnateur et arrangeur, Yvan Cassar dont la volonté était en quelque sorte de faire du neuf avec de l'ancien. Nous regretterons quant à nous ce mixage, ou ce gommage général sur la forme originelle d'expression musicale et vocale de Mariano, sur son côté terroir en quelque sorte, au nom de la modernité. D'autant que l'on ne nous a pas, non plus, offert un nouveau style marquant pour chanter Mariano. On se doit enfin de rappeler que Roberto Alagna n'est pas le premier à rendre hommage à Luis Mariano. Même s'il ne joue pas dans la même catégorie, l'enfant du pays Michel Etcheverry l'a devancé. Y compris sur la scène de l'Olympia....